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Levée d'encre

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31 mai 2012

Paroles de murs athéniens de Yannis Youlountas

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À la dernière page de Paroles de murs athéniens de Yannis Youlountas qui vient de paraître aux Editions Libertaires, on lit cette formule datant de 1968 : Murs blanc = peuple muet.

Il est une bonne nouvelle qui nous vient de Grèce : là-bas au moins les murs ne sont plus blancs et le peuple a pris la parole. Avant les Indignés de Madrid, avant le Printemps Arabe, avant Occupy Wall Street, les athéniens protestant contre la mort d’un adolescent et la violence policière ont initié au 6 décembre 2008 et poursuivi depuis un mouvement de fond qui durant trois ans, à mesure des plans d’austérité et de la ruine du pays, n’a jamais faibli.

Pouvait-il en être autrement d’un peuple qui a toujours lutté pour la démocratie depuis l’agora antique jusqu’aux années sombres de la dictature des colonels, d’un peuple exemplaire qui, reprenons la formule de Yannis, est à la fois notre passé et notre avenir ?

Comment écrire une note de lecture formatée de deux milles signes sur un livre aussi essentiel que Paroles de murs athéniens ? D’abord dire : Si vous n’achetez qu’un seul livre par an, achetez celui-là ! Pour vous sentir plus proche d’un peuple en lutte qui nous ouvre la voie, et semble crier : « Regarde et fais en autant ! » Parce que Yannis, Grec par son père, a constamment sillonné les rue d’Athènes depuis le début de la révolte et nous porte témoignage de ce si loin si proche. Puisque dans un article du 20 février 2012 cosigné dans Libération avec Raoul Vaneigem, Yannis conclue : « En 2012, soyons tous Grecs ! »

L’objet livre est magnifique à l’image de la collection Paroles initiée par Franck Thiriot. Inscriptions, tags et affiches font vivre les murs d’Athènes, parfois de simples mots, parfois des œuvres, du Street Art pour cri du peuple. Quelques humains passent, personnages flous d’un champ non pas de bataille mais d’espoir sur des notes de clarinette. Aux côtés des paroles murales, des citations d’amoureux de la Grèce : Jacques Lacarrière, Henry Miller, Laurence Durrel, d’autres plus engagées Foucault, Debord, Deleuze… Tout nous parle, nous porte au cœur de la cité et ses citoyens. Cette jeune fille en train d’inscrire Barcelona 1936, Athenas 2012 et qu’une dernière image surprend dans sa course pour se mettre à l’abri de la police.

Dans un autre livre de Yannis paru récemment aux éditions libertaires : Derrière les mots. Il est écrit : Il faut du courage pour dire non. Toute l’histoire de la Grèce est dans ce non.

 

Thierry Guilabert

 

Paroles de murs athéniens - Yannis Youlountas - Editions Libertaires 13 euros

(Paru dans le ML 1664 du 15 mars 2012)

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31 mai 2012

Divin Capital - Claude Margat aux Editions Libertaires

9782919568123FS

Il y a du mauvais démiurge chez Claude Margat. Je le soupçonne d'avoir un côté obscur qui ne s'exprime que rarement et qui rend d'autant plus précieux le texte publié aux Editions Libertaires. Qu'on imagine bien le personnage, le voici levé avant l'aurore arpentant le marais autour de Rochefort, cherchant, dit-il, à saisir l'esprit des lieux, considérant "l'utilité de ne servir à rien", grand connaisseur du Tao, peintre de l'espace et des paysages au repos, il dit : "On manque de contemplatifs, dans notre société il y a trop d'actifs, de gens qui font des choses.", il écrit Daoren : un rêve habitable et soudain en l'espace de 80 pages, d'une prose ciselée, taillée au millimètre, le petit volume de Divin Capital, nous prend à contrepieds, nous impose un véritable cauchemar, un monde absolument inhabitable et qui pourtant seul demeure.

Un linteau rouge pour surmonter le seuil de la colonie presque pénitentiaire. Un bâtiment de six étages avec un patio intérieur, un couloir en spirale desservant chaque niveau, et à quarante mètres de hauteur une verrière. Les fenêtres qui donnent sur la rue sont murées et des colosses à matraques gardent l'entrée, mais on se précipite vers la colonie, dehors, c'est pire.

Ce que l'obscur Claude Margat décrit n'est ni plus ni moins que l'enfer concentrationnaire. Je crois que la clé du titre pourrait bien se trouver dans un livre d'entretiens entre Claude et Bernard Noël ( Questions de mots aux Editions Libertaires ) quand se dernier dit : "Dieu est mort et le capitalisme a dévoilé son vrai visage en se prêtant à l'extermination en masse..." Quand on rentre dans l'immeuble surpeuplé de mille autres locataires, il faut trouver une place ou bien dormir debout ou bien couché dans le fond d'une armoire. Il faut veiller à n'être pas détroussé de ses petits trésors bien misérables, des quelques miettes de pains qu'on aura glanées pour survivre. On porte des casquettes de couleurs comme d'autres portaient des triangles ou des étoiles. Univers kafkaïen et chacun survit ou meurt selon sa chance ou sa ruse. Tout est rationalisé, taylorisé, même les relations sexuelles encouragées, quantifiées. Les enfants qui ne rapportent rien sont pour la plupart expédiés dans la rue pour y mourir, ceux qui survivent dans la pension inventent des jeux cruels pour passer le temps. Quant aux punitions, elles sont sévères et souvent mortelles, et s'il n'y a ni cimetière, ni incinérateur, il faut tout de même aux familles traiter les cadavres des défunts, chacun en touchera un petit morceau, un supplément de protéines.

On croirait vivre un mauvais trip, une descente post-apocalyptique. Hé ! Claude, tu retourneras aux marais, ici ça fait trop peur, ça manque de silence. Je sais bien que c'est notre monde que tu décris si bien ou plutôt l'avenir de notre monde pris entre les mailles d'un capitalisme de plus en plus inhumain, et s'enivrant de comptabilité et de performances. Ton livre est beau et nécessaire mais tellement irrespirable. À ceux qui tenteront la traversée, qu'ils s'arment de courage, ils n'en reviendront pas indemne mais seulement lucide.

 

Thierry Guilabert

 

Divin Capital – Claude Margat – Les Editions Libertaires

5 euros.

 


 

15 mai 2012

Des clins de mémoire de Richard Taillefer

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Ecrire simple, dire le vrai, la vie, sans afféterie; être soi dans une époque où la singerie gouverne l'apparence, c'est l'art de Richard Taillefer. Il sait voir, il sait lire, sa poésie trace comme une sismographie de l'existence sans effet, ni lyrisme...

Chaque page est une respiration nouvelle, ses phrases courtes halètent, pulsent, palpitent au ras du vivant. Les mots au gré des lignes attendent la lévitation, tressaillent d'espoir et la vie s'écoule dans le bonheur d'être au monde...

Par moment surgissent, venus d'on ne sait où, des fragments d'autrefois, des lambeaux de demain, la mémoire joue au bonneteau avec les souvenirs, bégaie, lâche ses staccatos bribes par bribes, va faire un tour du côté du rien et puis s'en va et puis revient...tandis qu'au loin, l'horizon ronge la mer.

Même s'il s'inscrit totalement dans l'injonction de Lautréamont:

la poésie doit être faite par tous et pour tous, Richard Taillefer possède un ton qui lui est propre, sa voix, si belle de simplicité se déploie en mille facettes qui n'appartiennent qu'à lui...

Un des enseignements de ce livre, est qu'il nous apprend à vivre à l'écoute des autres...

 

François Vignes


 

19 février 2012

Levée d'encre et Cepdivin

     Le vendredi 17 février dans les locaux de l'Ecomusée de la vigne et du vin à Gradignan, à l'invitation de l'association Cepdivin (Centre d'Etudes Pluridisciplinaires Des Imaginaires du Vin). François Vignes et Thierry Guilabert ont rencontré leurs lecteurs autour de quelques bonnes bouteilles, dans l'ordre Château Chasse-Spleen 2009, Domaine de la Solitude 2007, et Jardins de Soutard 2004. 

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     Il a beaucoup été question d'André Laude et de la légende du demi-siècle, mais aussi du polar Autant en emporte le vin

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     Une soirée très sympathique dans un lieu magique.

     Pour plus de renseignements sur Cepdivin, n'hésitez pas à vous rendre à l'adresse suivante :

     www.cepdivin.org.


 

 

24 janvier 2012

Le nouveau livre de Thierry Guilabert

On n'est jamais mieux servi que par soi-même... Paraît donc, aux éditions Le Croît-Vif : Oleron, l'île exil, roman dont voici le visuel de couverture. Disponible en librairie d'ici quelques jours et bien sûr chez l'éditeur sur le site www.croitvif.com

 

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18 août 2011

Adresse à présent disponible.

Notre adresse :

leveedencre@gmail.com

est de nouveau disponible pour vos courriels. 

29 juillet 2011

Vingt Chants du Prince

En 1985 chez Ellebore paraît un court recueil de poèmes signé André Laude, Vingt Chants du Prince. Sur l'exemplaire qu'il dédicace à François Vignes, on lit ceci : 

Numériser0001 

29 juillet 2011

Biographie imagée d'André Laude

Sur la quatrième de couverture de Rue des merguez, on lit la savoureuse biographie d'un Laude héritié de Corto Maltese...

Né d'un père occitan et d'une mère bretonne. La nuit même ou le bananier Le Paul-Gauguin sur lequel ses parents voyageaient, fut arraisonné par des pirates chinois.

Passe son enfance et une partie de son adolescence à la Guadeloupe ou un jeune poète St John Perse l'incite à écrire. Fait des études de théologie à Zurich, d'érotologie à Hambourg, d’archéologie à Londres.

Se lie d'amitié avec la bande à Bonnot et « les travailleurs de la nuit» d'Alexandre Jacob.

Amoureux d'une espionne balte il s'installe à Berlin ou il va rencontrer Rosa Luxembourg qui sera la grande passion de sa vie. Avec elle, il organise les Spartakistes et participe à I’ insurrection de 1918, où sont créés les conseils ouvriers, paysans et de soldats puis au soulèvement de 1919 qui s'achève dans le sang et la mort de Rosa.

Un peu plus tard on le retrouve à la tête d'une armée dadaïste rouge qui tient la Baviere.

 

C'est dans le calme d'un chalet de montagne où il se cache qu'il rédige son plus célèbre recueil  « C'est la lune finale » ainsi que ses «  Lettres aux imbéciles malheureux. »

En 1928, au Brésil, il fonde une colonie communiste utopique La Felicidade, bientôt dispersée par les autorités.

En 1932, participe à la nouvelle ruée vers l'or en Alaska, d'où il ramène un roman mystique «  Le trésor blanc. »

En 1934, fonde à Cuba le « Parti surréaliste anarchiste» qui renversera la dictature. Exclu pour libertinage sexuel, emprisonné, il s'échappe avec l'appui d'une jeune religieuse amoureuse de lui.

Vieilli, devenu pessimiste et mélancolique, il disparait corps et biens dans le triangle des Bermudes, le jour du soulèvement militaire de Franco en Espagne, alors qu'il se rendait à un mystérieux rendez-vous à Buenos-Aires.

 

Ses œuvres complètes devraient prochainement paraitre, aux Editions « Kangourou » en Australie, avec une longue étude du philosophe d'origine roumaine, vivant en France. E.M. Cioran

 

27 volumes sont prévus au rythme d'un par an.

 

 

22 juillet 2011

Adresse indisponible

Nous prions les lecteurs désireux de prendre contact avec Levée d'encre

de ne plus utiliser momentanément l'adresse : 

levee.dencre@gmail.com

Nous restons joignables par le formulaire de contact colonne de gauche du blog.

Merci de votre compréhension 

 

26 juin 2011

Rue des merguez - André laude

« Tu sais pour moi la vie c’est une rue pleine de boutiques parfumées et les boutiques sont pleines de merguez »

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Il faudrait arrêter de publier chaque année des centaines de livres inutiles et s’empresser de relire les textes essentiels. Je tiens Rue des merguez paru en 1979 aux éditions Plasma, pour un de ceux-là.

C’est d’abord une fuite hallucinée, Abel, à ses côtés le corps encore chaud de Lame-de-couteau, la route, les regards jaunes des poids lourds que l’on croise. C’est la respiration, l’essoufflement d’un poète, l’accélération, où Laude : « ceux qui me croient m’aiment ceux qui m’aiment me croient » le double d’Abel, raconte son propre travail d’écriture : « Je dois m’écrire ».

A mesure du livre, comme l’incendie s’apaise, la ponctuation totalement absente des premiers « blues », car tout ce livre est construit de plages sonores, la ponctuation, dis-je, revient, comme l’amour de la jeune Ligeia supplante celui terriblement destructeur de la Louve.

 

Ce livre est d’une vraie voyance, et en voici la preuve :

 

Il faudra que je dise ça à Lame-de-couteau il aimera c’est sûr avec Nabile je rêve on va délivrer le Maghreb de tous les ignobles cancrelats qui le bouffent aux intestins on va faire un grand nettoyage on va rincer à grande eaux tirées de la mare nostrum les dalles et les ruelles des souks les ors des palais où croupissent des familles princières aux doigts chargés de bagues on va tirer dans le tas on va couper des têtes et puis on s’arrêtera on boira un thé à la menthe et puis meurtris justiciers légaux on recommencera on ne s’arrêtera que lorsque la blancheur absolue accablera les minarets et les hauteurs de la ville une nouvelle civilisation s’inventera parmi les ficus et les lauriers roses les plaintes des colombes et les murmures des vasques elle rayonnera vers l’occident fourbu jusqu’à l’os elle ne sera pas loi imposée les peuples marcheront les bras largement écartés vers elle et verseront des pleurs de joie

Ce pourquoi il faut d'urgence relire Rue des merguez

Thierry Guilabert

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